Identification

Puisque à présent nous avons l'honneur de compter parmi nos membres M. Prestreau, j'aimerais son avis, ainsi que celui de nos membres, sur ces 2 graecas : quel taxon ? Et appartiennent elles à la même souche ?

Le mâle, très vieux :

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La femelle : pas d'autre photo disponible pour le moment. Malgré un aspect de prime abord différent (qui pourrait être un dimorphisme sexuel), le marquage du plastron est identique au mâle, l'ensemble des écailles et des sutures ont la même forme, la peau a une couleur uniforme, sans tâche blanche...

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Bonjour


Malgré un sillon interpectoral court (sur le seul plaston montré) , ces deux specimens ont de nombreux traits communs à Testudo graeca soussensis de Ouarzazate.

Normalement la Testudo graeca soussensis est centrée sur la région sud du Haut-Atlas (la vallée de Souss, à l'est d'Agadir) et sur le sud de Ouarzazate (la valle du Drâa et la vallée du Dades).

Le bombage est très volumineux (parfois carrément hémisphérique) avec un point culminant au niveau de la troisième vertébrale. Elle présente une première écaille vertébrale (V1) très ronde (ce qui la distingue fortement de Testudo terrestris et de Testudo ibera), une troisième écaille vertébrale (V3) relativement large et courte (surtout chez les mâles mais il y a des exceptions), une jupe évasée mais sans excès chez les femelles et très peu évasée chez les mâles, une coloration dominante jaune orange (Agadir) ou jaune olive (Ouarzazate) de la dossière et devenant toujours grise avec les années, une quasi-absence de pigmentations brunes en forme de fer à cheval sur les écailles mais de nombreuses petites pigmentations brunes éparses et non jointes, une nucale très étroite et généralement en fuseau, une suture marginale quasi-absente au niveau du pont, des marginales très hautes, un plastron quasi-uniforme (très peu voire pas du tout de taches centrales) de couleur noire ou sable gris-vert (Ouarzazate) ou de couleur brune ou sable clair (Agadir), un sillon interpectoral plus long que le sillon interfémoral (tendance qui s'inverse dans la région de Ouarzazate), un sillon pectoral en forme de parenthèse "(" et non d'accolade "{", un sillon abdominal moins incurvé que chez Testudo graeca graeca, la faisant parfois confondre avec une Testudo terrestris ou une Testudo ibera chez lesquelles ce sillon est quasi-rectiligne, des gulaires assez importantes (montrant le caractère désertique de la zone et la compétition pour la reproduction des mâles), une tête très effilée en V, comportant des taches très jaunes (Agadir) ou de couleur uniformément noire (Ouarzazate).


La description d'Alexander Pieh (en 2001), rappelée dans le Manouria spécial Testudos, est plus sommaire (je ne comprends pas pourquoi il a fait une description aussi imprécise). Par ailleurs il indique que l'absence de tubercules cornés peut être un bon indicateur de soussensis. Eh bien... Oui et non ! J'ai vu en effet plus de Testudo graeca soussensis que de Testudo graeca graeca présentant une absence de tubercules, mais une grande partie ont les tubercules cornés caractéristiques de l'espèce graeca spp. Et à Ouarzazate, la plupart ont les tubercules cornés.

A mon avis Testudo graeca soussensis devrait être elle-même séparée en deux sous-espèces distinctes, une typique du Souss à l'est d'Agadir, et une typique du Drâa et du Dades (région de randonnée infiniment plus belle et plus sauvage que celle d'Agadir, pour ceux qui connaissent...)

Les deux specimens montrés ici ressemblent fortement à des Testudo graeca soussensis de la région de Ouarzazate. C'est mon avis... et à la vue de ces photos. D'autres photos plus précises (*) permettraient de se faire une idée plus ferme. Mais déjà ces quelques photos sont assez représentatives.


Cordialement
Jacques Prestreau

Un grand merci pour l'ensemble de ces précisions.
Pour l'heure, la seule tortue que j'avais précisément identifiée comme une Testudo graeca soussensis est le jeune mâle dont les photos figurent sur le post-it suivant :
https://tortues-terrestres.forumactif.com/viewtopic.forum?t=13
Il est effectivement très orangé et correspond donc à ce que vous précisez des soussensis de la région d'Agadir.


Pour les 2 tortues présentées, je suis extrêmement content d'avoir la confirmation qu'elles se correspondent .
C'est vrai que le pastron présenté est très proche de celui du petit mâle soussensis du post-it !
A noter que les 2 tortues présentées ici ont des éperons marqués (je tâcherai de faire des photos le week end prochain), qu'elles sont en France depuis très longtemps (au moins 20 ans pour le mâle, au moins 15 ans pour la femelle, qui provient d'un éleveur différent), qu'elles ont une bonne tolérance à l'humidité ambiante (surtout la femelle), et enfin qu'elles hibernent au sec sans difficulté "depuis toujours", avec un réveil au début du printemps (mi mars cette année).

Espérons à présent qu'il sera possible d'en avoir des bébés .

Rebonjour


Donc "Bingo", c'est bien ça. Je confirme à la vue des photos que vous m'indiquez qu'il s'agit bien de soussensis comme je le pensais dans mon précédent message.

Mais la femelle semble être de l'écotype du Souss et le mâle semble être de l'écotype du Dadès. Mais cela n'a pas une grande importance. On ne peut pas véritablement parler d'hybridation dans la mesure où la zone de sympatrie entre ces deux populations est assez grande depuis des dizaines de milliers d'années.


Il est vraiment dommage que la description de Pieh soit si peu précise. A tel point que je me demande s'il a fait l'analyse du taxon sur place.


Attention pour l'hibernation : je n'ai JAMAIS vu une soussensis hiberner, même au plus froid de janvier. Un gros dodo, mais pas d'hibernation. D'ailleurs même aux jours les plus froids (tout est relatif) de janvier (-2° environ à 5 h du matin et déjà +5° au lever du soleil à 8 h du matin) je les ai vues se diriger vers des points d'eau dès que le soleil pointait le bout du nez et brouter quelques broussailles contenant un peu de rosée (par 5° le sol empreint de rosée alors que je me pelais les...). En revanche c'est là-bas que j'ai vu les plus beaux ciels étoilés. Etincelants !!! En hiver le moment du lever du soleil c'est d'ailleurs le seul moment de la journée où on a une chance de les entendre et d'en voir. Et il ne faut pas les perdre des yeux... parce qu'à midi elles retournent dans les rochers se planquer pour accumuler la chaleur du soleil (en hiver beaucoup plus haut là bas que chez nous) et leur mimétisme chromatrique (bon, parlons français : "la couleur de leur dossière identique à la couleur des rochers") les rend complètement impossibles à repérer, et tout le reste de la journée à partir de 17 heures environ elles retournent dormir sous des fourrés ou dans des trous de rochers jusqu'au lever du soleil du lendemain. Donc comme je l'ai maintes fois rappelé à une époque où les discussions avaient été très "animées" avec Frane (qui à mon avis n'a jamais été sillonner la région, et ça se comprend), le dodo hivernal de ces tortues de tout le centre et le sud de l'Algérie et du Maroc (et ce sont les plus nombreuses) n'a rien à voir avec le processus physiologique d'hibernation des Tortues d'Herman.


Voilà.


Donc... c'est bien Testudo graeca soussensis pour les deux.


Mes amitiés à tous
Jacques

Bon eh bien, tu ne vas pas être le seul....à profiter des lumières de M. Presteau.... :mrgreen:
Pourriez-vous me confirmer ou infirmer le fait que ma greaca soit une marokkensis ?

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désolée pour le fond vraiment inaproprié.....
et merci ! :mrgreen:

Vi !

Je confirme : Marokkensis.


C'est vrai que le fond fait franchement chasuble pourpre de cardinal !

En ce qui concerne la non hibernation de ces tortues : TRES IMPORTANT, je suis entièrement d'accord avec Jacques! En Algérie non plus elles n'hibernent pas : tout au plus une hiVernation de quelques jours maxi lorsqu'il fait vraiment froid, et ça je me tue à le répéter sur plusieurs forum, mais il se trouve que certains prennent un malin plaisir à me contredire, alors que comme le dit Jacques, ils n'ont JAMAIS été visiter ces pays d'où elles sont originaires et n'ont pas interrogé les gens à ce sujet! Et non, testudo graeca n'est pas une hermann! J'espère que le message passera correctement car ce n'est pas parce que certains les font hiberner et qu'elles survivent miraculeusement qu'elles sont bien maintenues pour autant, ces pauvres graecas ...

certes ! mais tu connais mon point de vue sur la question !
Je ne pense pas qu'il soit possible de parler de graecas au sens large !
J'ai une whitei par exemple et on ne peut absolument pas comparer sa maintenance ou sa robustesse à une nabeulensis ou une soussensis !
Le terme graeca est un sac fourre-tout ! beaucoup trop générique !