D’abord, je tiens à préciser que le premier à avoir fait référence à cet article c’est Phil95 dans le post de Chapi( voir
https://tortues-terrestres.forumactif.com/identification-f18/bonnie-and-clydeou-bonnito-and-clydelol-t58596.htm#926617) .... donc merci à lui de nous avoir renseigné cette étude
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Suite à cette info, une p’tite recherche s’imposait et vu que l’article était intéressant, une p’tite traduction s’imposait également.
Le document original s’intitule:
"Notes on morphological anomalies observed in specimens of Testudo hermanni boettgeri Gmelin, 1789 (Reptilia: Chelonia: Testudinidae) from Southern Dobrudja, Romania" rédigé
par Tibor SOS*, Szilárd DARÓCZI, Robert ZEITZ and Liviu PÂRÂU.
Remarque: "Tibor SOS" a un site internet dédié à l’herpetofaune roumaine: http://tiborsos.webs.com/aboutmearticles.htm Ce document est téléchargeable sous format PDF à l’adresse suivante :
http://herp-or.uv.ro/nwjz/content/v4.1/19.nwjz.04.01.Sos.et.al.pdf.
Je donne ce lien car dans la traduction ci-dessous, je n’ai pas reproduit les cartes et photos (quoique "techniquement" cela ne pose aucun problème) vu que pas d’autorisation des auteurs. Maintenant, si les administrateurs du forum donnent leur feu vert, cela est toujours possible …
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Pour la traduction, s’il y a des "coquilles" ou approximations, n’hésitez pas à les signaler et à apporter les corrections éventuelles.
En italique et entre crochets, ce sont des annotations personnelles ajoutées pour la compréhension, renvoyant au document original, …
A ce propos, quelques définitions ont été insérées surtout pour des termes "biologiques" (sympatriques, quadrat, homoplasie, synapomorphie, …) donc si les Biologistes reconnus du forum pouvaient au besoin développer voire corriger, ce serait sympa.
Petit préambule avant la traduction :La Dobroudja est située, en ROUMANIE, entre le Danube et la mer Noire. Température moyenne annuelle
± 11°C et la moyenne des précipitations est de moins de 400mm/an.
Les villes principales sont CONSTANTA et TULCEA.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]A noter que la région historique de la Dobroudja s’étendait également en BULGARIE : partie jaune sur la carte ci-dessous (source Wikipédia).
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Traduction :Résumé : Deux tortues avec des caractères mélangés entre
Testudo hermanni boettgeri et
T. graeca ibera ont été découverts lors d'un voyage dans la forêt de "Canaraua Fetii
" réserve naturelle mixte (sud de la Dobroudja, Roumanie)
[voir cercle rouge sur la carte ci-dessus]. Un cas d'hybridation a été suspecté. Selon les caractères morphologiques qualitatifs externes, nos résultats préliminaires suggèrent deux
T. h. boettgeri morphologiquement anormales. Les deux spécimens affichent des caractères morphologiques pour la plupart typiques de
T. h. boettgeri, mais aussi des caractères anormaux, qui sont typiques pour
T. g. ibera (par exemple l'existence d’éperons cornés sur la partie interne de la cuisse).
Mots clés : Testudo hermanni boettgeri,
T. graeca ibera, caractères morphologiques mélangés, Forêt de Canaraua Fetii, Dobrudja, Romania
La tortue d'Hermann (
Testudo hermanni) a une distribution isolée dans l'Espagne continentale, la France et l'Italie, et à Majorque et Minorque (Baléares), respectivement en Corse, la Sardaigne et la Sicile. En Méditerranée orientale, elle vit dans la plupart de la Péninsule des Balkans, tandis qu’en Méditerranée occidentale, elle est confinée aux zones à climat méditerranéen. Cependant, dans la Péninsule des Balkans, elle peut être trouvée dans les régions intérieures sous influence d’un climat continental, comme en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, en République de Macédoine, en Roumanie et en Bulgarie (Cheylan 1999, Fritz et al . 2006b). En Roumanie, la tortue d'Hermann orientale
T. H. boettgeri (Mojsisovics, 1889) se trouve dans deux zones distinctes: dans la partie sud-ouest du pays (par exemple Fuhn & Vancea 1961, Rozylowicz et al. 2003, Covaciu-Marcov et al. 2005) et dans le sud de la Dobroudja, où elle a été récemment redécouverte (par exemple Iftime 2002, 2005, Sos & Daróczi 2008; voir Fig.1
[carte sur le document original] ). La présence de
T. hermanni en Dobroudja a été mentionné par plusieurs auteurs dans la première partie du XXe siècle dans différentes zones de la Dobroudja. Plus tard, ces résultats ont été partiellement rejetée ou même pas vérifié (critiqué par Cheylan, 1999).
Dans le sud de la Dobroudja,
T. hermanni est sympatrique
[Définition trouvée sur le web :en biologie, se dit des espèces qui ne s'hybrident pas et dont les aires respectives peuvent avoir une zone commune] avec l'une des sous-espèce de tortue à ergots
[littéralement " tortue avec ergot-cuisse ", " spur-thighed " est un des noms vernaculaires anglais donné aux tortues possédant cette caractéristique soit les T.graeca], Testudo graeca ibera Pallas, 1814 (Iftime 2002, 2005, Sos & Daróczi 2008 - voir Fig.1).
T. g. ibera habite toutes les zones de la Dobroudja, mais elle manque partiellement dans la région centrale en raison du probable impact négatif des activités humaines (Covaciu-Marcov et al. 2006). Généralement, la tortue à ergots a une large aire de distribution, elle peut être trouvée dans le nord de l'Afrique, au Moyen-Orient, dans le sud-est de l'Europe et en Asie (par exemple Buskirk et al. 1999, Kuyl et al. 2005).
[Légende des cartes visibles sur le document original]:
Figure 1 : La première carte donne approximativement les limites de l’aire de répartition de
Testudo hermanni boettgeri (en noir) et de
T. graeca ibera (en gris) en Dobroudja (d’après Fuhn & Vancea 1961, Iftime 2002, 2005, Covaciu-Marcov et al. 2006, nos propres données). La marque rouge indique l'emplacement de la zone, dans laquelle nous avons identifié les tortues avec des caractères mélangés. Sur la seconde carte, le quadrat
[carré] montre les limites de la zone d'étude sur le territoire de la réserve naturelle mixte mixte, forêt de Canaraua Fetii.
En août 2007, deux tortues avec des caractères mélangés entre
T. h. boettgeri et
T. g. ibera ont été trouvés lors d'un voyage dans le sud de la Dobroudja, dans la réserve naturelle mixte, forêt de Canaraua Fetii (la localité la plus proche est Bă
neasa, département de Constanţa). L'habitat pouvait être caractérisé comme un habitat de transition entre les forêts de chênes thermophiles (
Quercus cerris,
Q pedunculiflora avec
Tilia tomentosa,
Acer sp., etc), les champs de céréales (blé, orge et avoine) et zones rocheuses (calcaire). Nous avons également trouvé un subadulte
T. H. boettgeri et six spécimens adultes
T. g. ibera. Les deux spécimens identifiés comme anormaux l’ont été sur base de détails morphologiques. Un phénomène d'hybridation a été suspecté. Les analyses de caractères morphologiques qualitatifs externes proposés par Amiranashvili (2000) pour une identification précise de
T. h. boettgeri et
T. g. ibera, sont suggérées pour les deux
T. h. boettgeri morphologiquement anormales. La majorité des caractères morphologiques a indiqué que ces spécimens appartenaient à
T. H. boettgeri (Tab.1, Fig.2). Les deux spécimens ont montré une supracaudale partiellement divisée. Le caractère le plus évident indiquant une possible hybridation, était l'existence d’ergots cornés sur la partie interne de la cuisse, une caractéristique de
T. g. ibera. Un spécimen avait des ergots cylindriques allongés doubles des deux côtés
[voir photo a.6 sur document original pour une meilleure compréhension], bien que aucun d'entre eux avait les ergots typiques de T. g. ibera. On sait même que les ergots cornés de
T. graeca montrent une variation intraspécifique (Türkozan et al. 2003). Deux autres caractères qui sont typiques de
T. g. ibera, ont également été trouvées dans les deux spécimens: (i). la largeur maximale de l’écaille vertébrale V était presque égale à la largeur des autres écailles vertébrales chez un spécimen
[voir photo a.1 et b.1 sur document original pour une meilleure compréhension], et (ii). le sillon fémoro-anal franchi la ligne médiane presque à angle droit chez le deuxième spécimen
[voir photo a.2 et b.2 sur document original pour une meilleure compréhension] (Tab.1, Fig.2).
En conclusion, les tortues anormales affichaient des traits morphologiques, qui peuvent être interprétés comme intermédiaire entre les deux espèces (du coté
[ou vis-à-vis] de
T. h. boettgeri), mais un cas d'hybridation, basé seulement sur la morphologie externe, n'a pu être confirmé. Pour déterminer le statut taxonomique des spécimens, nous avons besoin davantage d’investigations génétiques principalement.
Tableau 1 : Description des spécimens de tortues avec des caractères mélangés (en utilisant les caractères et descriptions proposées par Amiranashvili 2000). En police d’écriture normale sont énumérés les caractères qui sont typiques pour
T. h. boettgeri, en police d’écriture grasse, les caractères qui sont typiques pour
T. g. ibera et en italique les caractères ambigus.
Caractères | Spécimen 1 | Spécimen 2 |
Ecaille supracaudale | Moins de 1/3 de l’écaille est divisée (a.4) | Plus de 2 / 3 de l’écaille est divisée (b.4) |
Griffe cornée | Présente (a.5, a.6) | Présente (b.5) |
Tubercule corné sur la partie intérieure de la cuisse | Avec deux paires sur la partie interne (a.5, a.6) | Présente (b.5, b.6) |
Les écailles sur le membre avant | Partiellement des grandes écailles, partiellement des petites écailles (a.3) | Partiellement des grandes écailles, partiellement des petites écailles (b.3) |
Largeur des écailles vertébrales II, III et IV | Plus petite que la largeur des écailles pleurales (I, II et III ; a.1) | Plus petite que la largeur des écailles pleurales (I, II et III ; b.1) |
Largeur maximale de l’écaille vertébrale V | Presque égale à la largeur des autres écailles vertébrales (a.1) | Plus grande que la largeur maximale des autres écailles vertébrales (b.1) |
Echancrure [encoche] entre la première et la seconde écaille marginale | Bien évidente (a.1) | Bien évidente (b.1) |
Longueur du sillon entre les écailles vertébrales IV et V | 2 fois plus petite que la longueur moyenne de l'écaille vertébrale IV (a.1) | 2 fois plus petite que la longueur moyenne de l'écaille vertébrale IV (b.1) |
Sillon fémoro-anal | Croise la ligne médiane, à angle aigu, il est pratiquement droit (a.2) | Croise la ligne médiane presque à angle droit (b.2) |
Portion latérale du sillon fémoro-anal | N'est pas courbé vers l'avant (a.2) | N'est pas courbé vers l'avant (b.2) |
Longueur moyenne de l’écaille anale | Plus grand que la longueur moyenne de l’écaille fémorale (a.2) | Plus grand que la longueur moyenne de l’écaille fémorale (b.2) |
[Légende des photos visibles sur le document original] Figure 2.A. Les deux tortues avec des caractères mélangés (voir le commentaire dans le texte).
Abréviations:
Carapace (photos a.1, b.1 ) : v.II-V: écailles vertébrales (II-V), p. I-III: écailles pleurales (I-III), avec une flèche: l'échancrure entre les premieres et deuxièmes écailles marginales
Plastron (photos a.2, b.2): fem: écaille fémorale, an: écaille: anale, avec une flèce: le sillon fémoro-anal
Membre avant (photos a.3, b.3)
Ecaille supracaudale (photos a.4, b .4): avec une flèche: la division de la supracaudale.
Figure 2.B Les deux tortues avec des caractères mélangés (voir le commentaire dans le texte).
Abréviations:
Postérieur et zone des cuisses (photos a.5, 6 ; b.5, 6): 1: ergot corné, 2:griffe cornée.L’hybridation intergénétique chez les cheloniens n’est apparemment pas commune, la plupart des cas signalés ont été rencontrés sous conditions de captivité (voir Fritz & Cheylan, 2001). De même, en captivité, des hybrides ont été obtenus à partir de
T. g. graeca et
T. h. hermanni (par exemple, Cheylan 1981) et des combinaisons entre
T. g. ibera et
T. h. boettgeri (par exemple, Mertens, 1968). Ainsi, il est fort probable que des spécimens uniques avec une "mosaïque" des caractéristiques des deux espèces peuvent être trouvés dans la nature, donc une hybridation entre deux espèces est possible dans des conditions naturelles, si elles se produisent en sympatrie (Amiranashvili 2000).
Certains auteurs ont décrit des hybrides naturels de T. hermanni et T. graeca à partir de populations sympatriques. Ces documents étaient basés sur un seul caractère morphologique: la division ou la non division de(s) supracaudale(s) (Başoğlu & Baran 1977, Nöllert & Nöllert 1981, révisé par Fritz & Cheylan, 2001). Cette caractéristique est normalement utilisée pour l'identification des deux espèces,
T. hermanni et
T. graeca mais n'est pas d’une fiabilité absolue. Des recherches approfondies et des observations de terrain ont montré que les spécimens de
T. hermanni ont parfois une écaille supracaudale non divisée, et, respectivement,
T. graeca peut avoir des écailles supracaudales divisées dans la nature (par exemple Amiranashvili 2000, Lapparent de Broin et al. 2006, Marian , T., Strugariu, Al. et Manci, C.O., pers. comm.
[personnal comments, je suppose] ). Ainsi, la condition de division / de non division de la supracaudale ne peut pas être utilisée pour déterminer la taxonomie exacte de ces deux espèces de tortue (par exemple Amiranashvili 2000) donc il n'est pas un caractère admissible pour l'identification des hybrides. Toutefois, une tortue comparablement anormale, avec des caractères de transition, a été décrite dans le nord de la Dobroudja (localité Telita
[20 kms à l’Ouest de Tulcea], colline Edirlen, département de Tulcea; Otel 1998). Le spécimen a montré des éperons cornés sur les cuisses ( caractéristique typique de
T. ibera) simultanément avec une supracaudale divisée et deux écailles cornifiées et allongées (comme décrit par Otel 1998), lequelles sont "attribuées similaires"
[désolé pour la traduction] à la griffe cornée des
T. hermanni. Nous supposons que cette tortue appartenait à
T. graeca, puisque, selon nos enquêtes précédentes, un nombre considérable de
T. graeca avec deux grandes écailles cornifiées sur la queue ont été trouvées.
La distinction entre les
T. hermanni et
T. graeca est facile quand on se concentre sur les caractères corrects, même si des similitudes dues à l’homoplasie
[Définition trouvée sur le web : en biologie acquisitionindépendante de caractéristiquessimilaires. Exemple : les ailes de la chauve-souris et celles des oiseaux sont un exemple d’homoplasie ou similitude d'un caractère chez différentes espèces] ou à la synapomorphie
[Définition trouvée sur Larousse : caractère dérivé (ou apomorphie) partagé par un ou plusieurs taxons, seul valable pour établir un groupe scientifiquement valide] sont assez nombreux pour provoquer une confusion totale, même parmi les herpétologistes (Lapparent de Broin et al. 2006). C'est probablement la raison principale pour laquelle l’occurence de
T. hermanni en Dobroudja n’est seulement spécifié que par des données rares et récentes (Iftime 2002, 2005, Sos & Daróczi 2008). Une étude basée sur l'analyse de 44 caractères internes (éléments osseux) et externes (éléments cornés), des caractères de la carapace (Amiranashvili 2000) - et en conséquence, des caractères morphologiques qualitatifs (voir Fritz et al. 2006a), ont conclu que les deux espèces pourraient être précisément identifiées. Nous avons considéré que ces caractères sont admissibles également pour permettre l'identification des hybrides, si les spécimens ont affichés des caractères mélangés (comme souligné dans ce travail).
[Vient ensuite la liste des remerciements et références]Fin de l'article