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| | la Fontaine et la Tortue | |
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Tit' Tortue Membre d'Honneur
Nombre de messages : 5014 Age : 33 Localisation : Avignon, Londres Date d'inscription : 04/04/2006
| Sujet: la Fontaine et la Tortue Ven 1 Juin 2007 - 8:31 | |
| La Tortue et les deux Canards Livre X - Fable 2
Une Tortue était, à la tête légère, Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays, Volontiers on fait cas d'une terre étrangère : Volontiers gens boiteux haïssent le logis. Deux Canards à qui la commère Communiqua ce beau dessein, Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire : Voyez-vous ce large chemin ? Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique, Vous verrez mainte République, Maint Royaume, maint peuple, et vous profiterez Des différentes moeurs que vous remarquerez. Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère De voir Ulysse en cette affaire. La Tortue écouta la proposition. Marché fait, les oiseaux forgent une machine Pour transporter la pèlerine. Dans la gueule en travers on lui passe un bâton. Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise. Puis chaque Canard prend ce bâton par un bout. La Tortue enlevée on s'étonne partout De voir aller en cette guise L'animal lent et sa maison, Justement au milieu de l'un et l'autre Oison. Miracle, criait-on. Venez voir dans les nues Passer la Reine des Tortues. - La Reine. Vraiment oui. Je la suis en effet ; Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait De passer son chemin sans dire aucune chose ; Car lâchant le bâton en desserrant les dents, Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants. Son indiscrétion de sa perte fut cause. Imprudence, babil, et sotte vanité, Et vaine curiosité, Ont ensemble étroit parentage. Ce sont enfants tous d'un lignage.
--------------------------------------------------------------------------------- LE LIÈVRE ET LA TORTUE
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage. Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point Si tôt que moi ce but. Si tôt ? Êtes-vous sage ? Repartit l'Animal léger. Ma Commère, il vous faut purger Avec quatre grains d'ellébore. Sage ou non, je parie encore. Ainsi fut fait : et de tous deux On mit près du but les enjeux. Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire ; Ni de quel juge l'on convint. Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ; J'entends de ceux qu'il fait lorsque prêt d'être atteint Il s'éloigne des Chiens, les renvoie aux calendes, Et leur fait arpenter les landes. Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter, Pour dormir, et pour écouter D'où vient le vent, il laisse la Tortue Aller son train de Sénateur. Elle part, elle s'évertue ; Elle se hâte avec lenteur. Lui cependant méprise une telle victoire ; Tient la gageure à peu de gloire ; Croit qu'il y va de son honneur De partir tard. Il broute, il se repose, Il s'amuse à toute autre chose Qu'à la gageure. À la fin, quand il vit Que l'autre touchait presque au bout de la carrière, Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit Furent vains : la Tortue arriva la première. Eh bien, lui cria-t-elle, avais-je pas raison ? De quoi vous sert votre vitesse ? Moi l'emporter ! et que serait-ce Si vous portiez une maison ? |
| | | Tit' Tortue Membre d'Honneur
Nombre de messages : 5014 Age : 33 Localisation : Avignon, Londres Date d'inscription : 04/04/2006
| Sujet: Re: la Fontaine et la Tortue Ven 1 Juin 2007 - 8:34 | |
| Le Corbeau, la Gazelle, la Tortue et le Rat Livre XII - Fable 15
Je vous gardais un temple dans mes vers : Il n'eût fini qu'avecquel'univers. Déjà ma main en fondait la durée Sur ce bel art qu'ont les dieux inventé, Et sur le nom de la divinité Que dans ce temple on aurait adorée. Sur le portail j'aurais ces mots écrits : PALAIS SACRE DE LA DEESSE IRIS ; Non celle-là qu'a Junon à ses gages ; Car Junonmême et le maître des dieux Serviraient l'autre, et seraient glorieux Du seul honneur de porter ses messages. L'apothéose à la voûte eût paru ; Là, tout l'Olympe en pompe eût été vu Plaçant Iris sous un dais de lumière. Les murs auraient amplement contenu Toute sa vie, agréable matière, Mais peu féconde en ces événements Qui des états font les renversements. Au fond du temple eût été son image, Avec ses traits, son souris, ses appas, Son art de plaire et de n'y penser pas, Ses agréments à qui tout rend hommage. J'aurais fait voir à ses pieds des mortels Et des héros, des demi-dieux encore, Même des dieux: ce que le monde adore Vient quelquefois parfumer ses autels. J'eusse en ses yeux fait briller de son âme Tous les trésors, quoique imparfaitement : Car ce coeur vif et tendre infiniment Pour ses amis et non point autrement, Car cet esprit, qui, né du firmament, A beauté d'homme avec grâce de femme, Ne se peut, comme on veut, exprimer. O vous, Iris, qui savez tout charmer, Qui savez plaire en un degré suprême, Vous que l'on aime à l'égal de soi-même (Ceci soit dit sans nul soupçon d'amour, Car c'est un mot banni de votre cour, Laissons-le donc), agréez que ma Muse Achève un jour cette ébauche confuse. J'en ai placé l'idée et le projet, Pour plus de grâce, au devant d'un sujet Où l'amitié donne de telles marques, Et d'un tel prix, que le simple récit Peut quelque temps amuser votre esprit. Non que ceci se passe entre monarques : Ce que chez vous nous voyons estimer N'est pas un roi qui ne sait point aimer : C'est un mortel qui sait mettre sa vie Pour son ami. J'en vois peu de si bons. Quatre animaux, vivant de compagnie, Vont aux humains en donner des leçons.
La gazelle, le rat, le corbeau, la tortue, Vivaient ensemble unis : douce société. Le choix d'une demeure aux humains inconnue Assurait leur félicité. Mais quoi! l'homme découvre enfin toutes retraites. Soyez au milieu des déserts, Au fond des eaux, au haut des airs, Vous n'éviterez point ses embûches secrètes. La gazelle s'allait ébattre innocemment, Quand un chien, maudit instrument Du plaisir barbare des hommes, Vint sur l'herbe éventer les traces de ses pas. Elle fuit, et le rat, à l'heure du repas, Dit aux amis restants :« D'où vient que nous ne sommes Aujourd'hui que trois conviés ? La gazelle déjà nous a-t-elle oubliés ? » A ces paroles, la tortue S'écrie et dit : « Ah si j'étais, Comme un corbeau, d'ailes pourvue, Tout de ce pas je m'en irais Apprendre au moins quelle contrée, Quel accident tient arrêtée Notre compagne au pied léger : Car, à l'égard du coeur, il en faut mieux juger.» Le corbeau part à tire d'aile : Il aperçoit de loin l'imprudente gazelle Prise au piège, et se tourmentant. Il retourne avertir les autres à l'instant. Car, de lui demander quand, pourquoi, ni comment Ce malheur est tombé sur elle, Et perdre en vains discours cet utile moment, Comme eût fait un maître d'école, Il avait trop de jugement. Le corbeau donc vole et revole. Sur son rapport les trois amis Tiennent conseil. Deux sont d'avis De se transporter sans remise Aux lieux où la gazelle est prise. « L'autre, dit le corbeau, gardera le logis : Avec son marcher lent, quand arriverait-elle? Après la mort de la gazelle.» Ces mots à peine dits, ils s'en vont secourir Leur chère et fidèle compagne, Pauvre chevrette de montagne. La tortue y voulut courir : La voilà comme eux en campagne, Maudissant ses pieds courts avec juste raison, Et la nécessité de porter sa maison. Rongemaille (le rat eut à bon droit ce nom) Coupe les noeuds du lacs: on peut penser la joie. Le chasseur vient et dit:« Qui m'a ravi ma proie?» Rongemaille, à ces mots, se retire en un trou, Le corbeau sur un arbre, en un bois la gazelle : Et le chasseur à demi-fou De n'en avoir nulle nouvelle, Aperçoit la tortue, et retient son courroux. « D'où vient, dit-il, que je m'effraie? Je veux qu'à mon souper celle-ci me défraie.» Il la mit dans son sac. Elle eût payé pour tous, Si le corbeau n'en eût averti la chevrette. Celle-ci, quittant sa retraite, Contrefait la boiteuse, et vient se présenter. L'homme de suivre, et de jeter Tout ce qui lui pesait : si bien que Rongemaille Autour des noeuds du sac tant opère et travaille, Qu'il délivre encor l'autre soeur, Sur qui s'était fondé le souper du chasseur.
Pilpay conte qu'ainsi la chose s'est passée. Pour peu que je voulusse invoquer Apollon, J'en ferais, pour vous plaire, un ouvrage aussi long Que l'Iliade ou l'Odyssée. Rongemaille ferait le principal héros, Quoiqu' à vrai dire ici chacun est nécessaire. Portemaison l'infante y tient de tels propos, Que Monsieur du corbeau va faire Office d'espion, et puis de messager. La gazelle a d'ailleurs l'adresse d'engager Le chasseur à donner du temps à Rongemaille. Ainsi chacun en son endroit S'entremet, agite et travaille. A qui donner le prix? Au coeur, si l'on m'en croit. |
| | | Caki Membre d'Honneur
Nombre de messages : 54764 Age : 75 Localisation : Pays de Loire Date d'inscription : 02/08/2005
| Sujet: Re: la Fontaine et la Tortue Ven 1 Juin 2007 - 11:47 | |
| merci et vive le bac de français |
| | | ucorsu Membre d'Honneur
Nombre de messages : 2649 Date d'inscription : 11/01/2005
| Sujet: Re: la Fontaine et la Tortue Ven 1 Juin 2007 - 15:00 | |
| Merci pour cet épisode culturel |
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| Sujet: Re: la Fontaine et la Tortue | |
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| | | | la Fontaine et la Tortue | |
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