Note d'observation de Testudo hermanni à Majorque - 2009

Note d’observation de Testudo hermanni, Gmelin 1789 au Nord Est de l’ile de Majorque (Espagne)

La présente note repose sur 2 périodes différentes d’observation, la première en mai 2009 et la seconde au début du mois de juillet 2009.
L’ile de Majorque fait partie des Baléares,  en territoire espagnol. La tortue d’hermann (Testudo hermanni est présente sur l’ile depuis environ 3000 ans, selon la litérature, date à laquelle l’homme s’est installé sur ce joyau isolé de la Méditérannée.  Il existe différentes populations, en deux zones disctinctes, la première au Nord est de l’ile, et la seconde au Sud est. Ces populations sont très probablement en meilleur état que la population du Var, et comme souvent chez l’espèce, on peut trouver localement un grand nombre de spécimens tandis qu’il n’y en a parfois plus aucun 500m plus loin. L’ile s’est grandement devellopée depuis la fin du siècle dernier, le tourisme grandissant associé à une politique d’urbanisation souple fait que de nombreux sites ont été endommagés et sont désormais coupés par des routes, ou des propriétés.

La population présumée la plus importante se trouve au Nord est de l’ile. La plupart des sites ou l’on trouve la tortue d’Hermann sont de type guarrigue méditérannéenne ,  au sol riche en fer. Proches de la mer (ou des ‘Calas’) ou bien davantage dans les terres restées à l’état sauvage, on y trouve surtout des arbustes et arbrisseaux comme le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), la myrte (myrtus communis), divers cistes (Cistus sp.) ainsi que d’autres essences typiques de la méditérannée comme le thym (Thymus sp.), des clématites blanches (Clematis vitalba) ainsi que quelques bulbeuses (Allium sp.). Par endroits, on trouve de grandes populations de palmiers de Méditérannée (Chamaerops humilis). On trouve quelquefois Testudo hermanni dans les clairières de pinèdes naturelles, nombreuses sur l’ile, ainsi que dans certaines biotopes dunaires de bord de mer, localement. Toutefois l’espèce ne semble pas etre présent à moins de 100-150m de la mer. Note importante : la plupart des tortues observées étant dans des guarrigues densément peuplés de pistachiers lentisques.

Les tortues s’aventurent parfois près des champs cultivés ou l’on trouve en grands nombre oliviers (Olea europa), figuiers (Ficus carica), amandiers (Prunus dulcis) , caroubiers (Ceratonia siliqua) et parfois figuiers de barbarie (Opuntia ficus indica).  Les prédateurs semblent moins nombreux que sur le continent (rats, genettes, goélands) ;  toutes les tortues mortes observées ont été écrasées par des voitures (note personnelle).

Dans les guarrigues, on trouve aisément des fèces de tortues sur les chemins ou sous les arbrisseaux.  Coté alimentation, on peut supposer qu’elles se nourrissent majoritairement des graminées, ainsi que du Plantain majeur , du trèfle blanc et du laiteron au printemps et à l’automne ; la diète estivale étant principalement composée d’herbes sèches.

Le climat est de type méditérannéen chaud (zone USDA 10-11) avec un période fraiche l’hiver, mais sans aucun gel. La période d’activité est donc plus longue que dans le Var par exemple, et les chaleurs estivales provoquent visiblement un phénomène d’estivation (note : 3 juvéniles ont été trouvés ensemble dans un trou profond en Juillet 2009). L’été n’est pas idéal pour l’observation, néanmoins, on trouve localement de nombreux débris d’œufs éclos. Pour observer les tortues d’Hermann, la période printanière semble toute indiquée, les tortues sont bimodales et sortent le matin et le soir, tandis que l’activité est essentiellement matinale en été. En avril/mai, il est en outre possible d’entendre le rale des males lors des accouplements, ou bien encore les chocs entre carapaces lors des assauts.

Meme si l’état des populations semble satisfaisant localement, la tortue marjoquine souffre de l’urbanisation de l’ile (destruction des sites),du tourisme(prélèvements). En outre, l’espèce semble payer un lourd tribu l’été, écrasées par les voitures lorsque l’ile est massivement investie de touristes. A l’instar de ses ‘sœurs’ françaises ou italiennes, Les incendies sont également un gros problème, comme récemment celui de Petra ou 152 tortues ont péri, soit environ 84% de la poplation locale selon les écologistes
(Source : http://www.diariodemallorca.es/secciones/noticia.jsp?pRef=2008092700_1_395956__Mallorca-Portada-ultimo-gran-incendio-calcina-tortugas en espagnol).

J’espère que comme moi, vous allez avoir envie de visiter les Baléares, non pas pour ses attractions touristiques, mais simplement pour trouver un des derniers bastions (après la Toscane) ou Testudo hermanni prospère encore en Europe.
Ezekiel


Palmier de méditérannée

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Guarrigue

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Tortue écrasée sur un chemin, proche des habitations humaines...

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Male et femlle adultes au mois de mai 2009 (parade en cours)

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Le male seul

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Un trou dans lequel on trouve des juvéniles estivant en été, on distingue aisément les fèces

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Juvéniles

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Groupe

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Juvénile le plus vieux observé, probablement 6 à 10 ans

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Le meme, avec un autre juvénile (remarquez l'absence de tache foncée sur la première vertébrale)

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Juvénile 3

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Un oeuf (!) trouvé le long d'un chemin, sous une butte, dans un biotope très caillouteux - Juillet

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End!
Votre serviteur 'in situ', dans son élément
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Merci de nous avoir fait partager ton reportage photos

Merci beaucoup pour ce reportage!

Merci pour ce super reportage dans une région peu évoquée.

Merci Ezekiel pour ce superbe reportage !!
Ca nous fait découvrir une population de d'Eurotestudo hermani dont on parle peu voir pas du tout finalement...

Les photos du biotope dates de mai ou juillet ? On voit bien que c'est particulièrement sec.
En juin 2008, dans le var, il restait encore quelques rares pissenlits et laiterons, surtout au près du point d'eau où j'ai vu mes deux seules tortues.

Penses tu que le terrier ait été creusé par les juvéniles ou bien il appartenait à un autre animal ?

Niveau "identification" on s'y perdrait encore une fois...des têtes/carapaces sombres, d'autres très claires (particulièrement la juvénile), taille des sillons pectoraux/fémoraux pas toujours respecter on dirait ? Qu'en est il de l'intérieur des gulaires, marqué ou non ?
En revanche, sur les sujets que tu nous présente, la séparation V1/V2 semble toujours droite ?


Merci encore pour ces belles (et moins belles d'ailleurs) photos de tortues sauvages.

Les photos sont majoritairement de Juillet. Les photos du couple sont de mai (Hélas, pas vu un seul adulte vivant en juillet... des morts écrasés oui en revanche). Pour les photos de biotope, ce sont des photos de juillet également.

Vertébrale droite, en effet, mais variation chromatique importante. Parfois il y avait des taches sur les gulaires, mais souvent non.

Quand aux trous, je n'ai pas identifié formellement leur origine. Il y en avait de nombreux, peut-etre des tortues adultes cherchant à creuser, ou des mammifères.

J'ai fait de nombreux clichés, ceux présentés étant des photos selectionnées... Parfois meme j'ai vu des choses, mais pas d'APN sur moi ou plus de batterie (...) mais ce que j'ai le plus souvent vu, ce sont des crottes sur les chemins!

J'ai également pas mal crapahuté dans le Var (juin l'an dernier) avec peu de résultats. La population varoise est bien moins importante... et très localisée désormais (sans citer de coin).

Superbe reportage, et dommage pour cette tortue

merci pour ce reportage !

elle sont jolie avec de belle couleur.

Les tortues sont sublime

Le biotope est magnifique, les tortues sublimes.
En tout cas un grand merci pour le partage, et pour ces magnifiques photos et ce reportage que tu nous fait découvrir!


Par contre tu devrais griffés tes photos, sans quoi beaucoup de personnes pourrait les prendres et les utiliser autrement qu'ainsi ...

Magnifique

merci beaucoup pour ces photos

Ah vraiment merci beaucoup !!! Superbe reportage !!!

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Bravo pour ce superbe reportage, tant au niveau des photos que des commentaires ...

Merci Ezekiel pour ce superbe exposé, un reportage qui sera placé en post-it dans la partie "reportages sauvages"

Magnifique, merci beaucoup pour ce superbe reportage.

SUPER Ez et un grand merci pour cette sortie d’hibernation très intéressante et très réussie ! :lol:

Pendant de nombreuses années, « on » nous a tenté de nous faire croire que Gonfaron était, à l’instar de la gare de Perpignan, le centre du monde !
Certains affirmaient même avec beaucoup d’assurance (et il n’y a pas des lunes de ça, juste une petite dizaine d’années ) que la tortue du Var était la seule et unique tortue du monde estampillée Hermanni pur jus, pur fruit !
Depuis très peu de temps, les mêmes (toujours !) ont consenti enfin à reconnaître que les tortues d’Hermann sauvages qui vivaient en Corse n’étaient pas que des animaux récemment introduits par la main de l’Homme. Première étape passée !

Dans notre petit monde chéloniophile hexagonal et dans une vision bien franchouillarde et bien étriquée, on ne considère habituellement en France que deux populations de cette magnifique tortue. La varoise et la corse. On passe souvent sous silence que jusqu’à peu (incendies de 86 et 89 notamment) vivait encore une population d’Hermanni sauvages à quelques 400 kilomètres à l’ouest de Gonfaron dans le massif des Albères et que beaucoup d’actuels détenteurs de tortues captives de l’Aude et des Pyrénées orientales possèdent des tortues issues de cette souche …

Si pour certains Perpignan semble très éloigné de Gonfaron ou d’Ajaccio que dire alors de l’Espagne et de la Sicile italienne et plus encore de la côte dalmate de l’Adriatique !

Un grand merci, Ez, de nous rappeler par ce témoignage incontestable que Gonfaron n’est pas le nombril du monde de l’Hermanni !

:dwarf:

En fait, même si d'aucuns ne se l'avouent, la population varoise est toute petite, quasi résiduelle. Pour voir en grand nombre des hermann, il faut aller sur les iles (Majorque, Minorque, Sicile...) ou bien en Toscane (environs de Livourne) ou localement l'espèce est très commune.

J'ai de l'admiration pour ceux qui ont trouvé des hermann varoises sauvages, car pour avoir essayé... c'est hard.

Merci pour ce très bon reportage avec les commentaires qui vont avec!

merci beaucoup pour ces belles photos et les explications données.
:lol:

superbe reportage un vrai régal merci ez

Superbe reportage très interressant, un grand merci à toi

Très beau reportage

Pour rejoindre les commentaires de Fred, on parle peu (voir quasi jamais) de la "population" italienne d'hermanni sur les sites et forums francophones dédiés aux hermanni alors que comme le souligne Ezekiel:

Ezekiel a écrit:

... il faut aller sur les iles (Majorque, Minorque, Sicile...) ou bien en Toscane (environs de Livourne) ou localement l'espèce est très commune ...

Un grand merci Ezekiel pour ce reportage !


Sur les photos que tu as postées on peut remarquer que la coloration de fond de ces hermanni semble plutôt uniformément dans les tons ocrés.

Est-ce la réalité sur le terrain ?
sur ces groupes de spécimens seulement ? ou bien de manière plus généralisée sur tous ceux que tu as pu voir là bas ?

Ou bien est-ce simplement un rendu de l'image dû à l'exposition des clichés ?