Par un petit matin, dans le jardin intérieur, à contre jour tout d’abord, les contours de son corps se dessinent, s’animent à pas menus.
Madame Terrapene, trahissant sa timide présence, se découvre dans la pleine lumière printanière.
Dissimulé dans l’ombre de son coin, tel un diablotin sur ressort, monsieur tortue-boite émerge d’un long silence.
Stoïque, il la suit des yeux espérant quelques pas de deux, un entrechat siamois, un signe en tapinois pour entrer dans le jeu d’une danse passionnée et mystique.
Dévisagée dans cet air ensoleillé, madame suspend sa marche et d’un geste lent remonte son bas, ajuste son haut,… se carapace, se ferme sur place.
Elle s’enferme par pudeur dans une histoire sans queue ni tête, l’œil aux aguets.
Emoustillé, le corps fébrile à l’attribut stillatoire, monsieur Triunguis se précipite, entame sa ronde, son manège courtois. Hélas, malgré sa forte présence et moult efforts, il tarde à ouvrir le cœur de sa promise, à trouver les stimuli adéquats, l’ouvre-boite. Madame conserve son humeur obtuse, boude son plaisir, la promesse d’une sensation amoureuse.
Parfois dans sa hâte, notre mâle se trompe d’extrémité, se dresse, prend la pose dans l’attente d’une privauté et s’enferre dans l’erreur. Heureusement pour son intégralité, madame ne fait l’action, tranche dans le vif. Elle ne pipe mot, ne lui susurre son égarement. Peu amène, elle clôt ses portes, affiche un « prière de ne pas déranger »
suivi d’un « je vous salue mari » car encore aujourd’hui, guère résolue à l’abandon des sens, elle se dérobe aux furtives caresses et s’échappe, l’amour aux trousses. Son cœur est ailleurs, attend son heure.
Encore aujourd’hui, monsieur est à la peine, fait son chemin de croix, endure sa pénis tence mais cherche toujours à séduire sans se décourager. Toujours disponible, il attend avec impatience la volonté capricieuse et concupiscente de sa Belle-boite dormante.
Et oui, dedans comme dehors, en sortie de boite ou ailleurs, le printemps effleure les pelouses. Les oiseaux enchantent les arbres aux doigts nus et grenus tournés vers le soleil. L’effervescence gagne les rues et les parcs. Un air de romance musicale gagne les chemins et les amoureux se bécotent sur les bancs publics, bancs publics, bras-ceints à la taille tandis que les mains se font aventureuses. Mais il est vrai que pour cet animal là, il n’est nullement question de saisons. Seule réside la difficulté à trouver le partenaire et à l’amener à de lascive raison.