Avant de se lancer dans la description de
Testudo ibera, je vous invite à regarder le post-it sur la systématique du groupe graeca :
https://tortues-terrestres.forumactif.com/viewtopic.forum?t=25Testudo ibera Pallas 1814 est donc à l'origine le nom donné à toutes les tortues portant éperon à la base des cuisses (dites "mauresques") vivant de la Macédoine à l'ouest à l'Iran, voire l'Afghanistan à l'est, remontant les contreforts du Caucase au nord et descendant jusqu'à Israël au sud.
La systématique actuelle individualise parmi ces tortues de nombreuses espèces et sous-espèces prêtant pour la majeure partie d'entre elles à discussion parmi les spécialistes.
Les éleveurs français sont peu concernés car tous les taxons présent à l'est ne se retrouvent pas en élevage chez nous, essentiellement pour des raisons géopolitiques.
Les "ibera" rencontrées en France proviennent essentiellement de Turquie, et à un moindre degré de Macédoine.
Les critères classiques d'identification sont donnés dans l'article d'A. Lara : http://membres.multimania.fr/testudo/testudograecaarticle.html
Ils incluent :
- une première vertébrale carrée,
- une taille supérieure aux
Testudo graeca graeca,
- une bordure supérieure des écailles fémorales plus droite,
auxquels on rajoute souvent :
- une peau uniforme sombre, dans les tons gris,
- et un plastron très marqué de noir.
Néanmoins, aucun de ces critères n'est spécifique et il faut raisonner sur un faisceau d'arguments. Pour les individus jeunes, l'identification est encore plus difficile, certaines
T. nabeulensis de Tunisie, à l'élevage radicalement différent, pouvant même être morphologiquement très proches !
Par ailleurs, l'aire stricte de répartition donnée dans le Manouria spécial Testudo se limite "à la vallée de la rivière Kura et [les] territoires adjacents", ce qui en fait correspond à un tout petit territoire au nord de la Turquie, débordant sur l'Azerbaijan, la Géorgie, l'Arménie et l'Iran ! Le même ouvrage ne donne aucun autre renseignement quant au(x) taxon(s) peuplant la majorité de la Turquie, en dehors de l'extrême sud, où a été individualisée
T. anamurensis. En clair, ce que tout le monde appelle ibera n'a en fait à l'heure actuelle pas de nom validé scientifiquement !
Pour finir de compliquer les choses, les populations turques et européennes ont toujours été séparées par le Bosphore et sont morphologiquement différentes. Il semble que les individus macédoniens soient en particulier plus petits, avec une dossière plus arrondie en vue supérieure.
En pratique, les éleveurs ont intérêt lorsqu'ils se procurent un nouvel individu, à demander et à noter tout renseignement sur la provenance initiale de la souche, et à rechercher des spécimens de même origine pour se lancer dans la reproduction.
Ces considérations taxonomiques n'influent pas sur le mode d'élevage, les "ibera" étant globalement considérées comme des tortues très résistantes ; cette résistance est comparée à celle des
Testudo boettgeri, en particulier sur la tolérance, voire la nécessité, de périodes très humides. Mais de la même façon que les graecas constituent un groupe hétérogène, on peut très logiquement supposer que les besoins physiologiques d'un individu macédonien sont plus à même d'être satisfaits par les climats français, que ceux d'un individu provenant de la frontière turquo-syrienne...
Comme pour les graecas, il serait donc très utile que nous puissions comparer dans cette section vos tortues et les expériences d'élevage.